Chroniques d'une infirmière...souvenirs d'une vie

Infirmière, métier de vocation !

La vocation, je l'avais sans problème. Heureusement car ce n'est pas une profession facile. Pleins de souvenirs dramatiques me reviennent en mémoire. Ils assombrissent encore mes trop nombreuses nuits d'insomnie.

Mais il y a aussi les moments "rigolos". C'est surtout ceux là que j'ai choisis de vous raconter. Il y a aussi quelques histoires, certes moins gaies, qui m'ont laissée un souvenir tellement émouvant qu'elles ont aussi leur place.

Cela se passait à la fin des années soixante. Après un premier stage dans le service de médecine « femmes », je me retrouvai pour la seconde période dans un service de chirurgie « hommes ». Je venais d’avoir 18 ans, et je commençais mes études d’infirmières.
Nous avions appris, pendant la période probatoire de 3 mois à l’époque, à faire les gestes les plus simples comme toilette, injection intra musculaire ou sous cutanée etc..Facile la théorie, oui mais lâchée dans un service surpeuplé, avec des infirmières surchargées, ce n’était plus évident du tout !
Ce matin là, je me présente dans le service, l’infirmière chargée de m’encadrer est surbookée, elle doit préparer le tour avec le patron, :
"Tu fais les toilettes", me dit-elle en me donnant la liste des patients.Nous avions appris sur des mannequins. Je prépare le matériel : cuvette, savon, rasoir, linge de toilette et me dirige vers mon premier opéré, c’est un monsieur d’environ 70 ans, il a l’air triste, je lui explique que je viens pour sa toilette, il est embarrassé, moi aussi, car ce sera la première fois que je verrai un homme nu en vrai, j’ai l’angoisse mais je m’exécute comme dans le cours : mettre le paravent, car nous étions dans une salle commune, et il était normal de ménager la pudeur des malades. A l’époque il y avait dans les salles communes jusqu’à 6 personnes !
Il me fallait mettre une serviette sous la tête savonner, rincer, essuyer, procéder au rasage avec un vrai coupe chou et de la mousse à raser, il, fallait faire très attention, tout se passe bien. Néanmoins, je suis fébrile il faut maintenant laver les bras, toujours comme je viens d’apprendre, je pose la serviette sous le bras droit, je savonne rince essuie, la couverture du monsieur est remonté bien haut, je pense que c’est imminent va falloir s’occuper des parties intimes et j’avoue que je stresse. J’essaye en vain d’engager une conversation avec le patient, peine perdue, il a l’air aussi stressé que moi et répond à peine, l’ambiance est lourde, je change de côté et lui demande de bien vouloir me présenter son bras droit et en même temps, je soulève la couverture grise et là horreur ! Si j’avais pu me mettre dans un trou de souris, je vous jure que je l’aurais fait ! Le pauvre était amputé des 3 /4 de son bras…..Dur de sentir le rouge monter, les larmes couler, et le monsieur en souriant me dire :
"Ce n’est rien Mademoiselle !"

La vie d'une infirmière libérale n'est pas toujours facile !
Ce jour-là , je fus appelée dans une famille de mon village, pour une série d'antibiotiques, la dame souffrait d'une grosse bronchite.
Elle me reçut dans sa cuisine, s'excusant du désordre : des vêtements  jonchaient les chaises, une quantité de vaisselle sale était sur l'évier, et des valises encombraient l'entrée.
Je fis un peu de place sur la table pour y installer mon matériel, ma nouvelle patiente m'expliqua en détail, et ce fut long, que son fils était revenu du service militaire l'avant-veille, et normal, la famille avait fêté son retour.
"Il était en Guyane, me dit-elle, depuis un an."
Tout en préparant l'injection, je discutais avec la dame, qui alla jusqu'à me montrer des photos de son fils en militaire, nous parlions du climat de ce pays lointain, quand elle me dit
" Devinez ce qu'il nous a ramené ?"
" Je ne sais pas !"
" Des mygales, deux grosses mygales !"
D'effroi, je faillis lâcher la seringue, j'ai une peur intense des araignées. Un petit faucheux, l'araignée avec une croix sur le dos, enfin toutes ces bêtes là me font pâlir et tressaillir !! Même de vous en parler cela me fait dresser les cheveux sur la tête (et c'est bête car je rentre de chez le coiffeur !) Et la brave dame de poursuivre :
"Venez donc les voir, elles sont dans la salle à manger, Freddy (prénom du brave petit !) les a mises dans un aquarium !
En essayant la relaxation intérieure, je refusais l'invitation, en prétextant un nombre de rendez- vous trop important.
Et je quittais la maman guyanaise rapidement.
Oui, mais la série de piqûres était de douze !! cela voulait dire que j'allais me mettre en danger encore onze fois, onze interminables fois !
Je ne pouvais pas appeler ma collègue, sans me couvrir de ridicule, et puis il y avait les factures à payer !! Courage, Evelyne, courage, tu as connu pire que cela !
Et le lendemain matin, je sonnai à la porte de madame araignée !
"Entrez donc, n'allez pas dans la cuisine ! je viens de passer la serpillière, entrez-là à gauche !"
A gauche ! Ciel, c'était la salle à manger !Je reculai inquiète mais elle me poussa gentiment tout en toussant frénétiquement !
Le cauchemar !
Là, au fond de la salle, dans une semi pénombre, à cause de lourds rideaux de velours "caca d'oie", se trouvait un aquarium rectangulaire, l'Horreur !! J'approchai de la table, Madame araignée me convia à regarder de plus près ces charmantes invitées guyanaises.
J'étais au pied du mur, enfin au pied de l'aquarium devenu terrarium. Dans des espèces de nids de coton se trouvaient, recroquevillées, les deux copines, je respirai à fond.
Zen, sois zen ! elles ont l'air bien endormi !! (encore le décalage horaire ??)
La dame, pendant que je remplissais la seringue de sérum, me dit :
"Elles dorment depuis qu'elles sont arrivées, il paraît que c'est normal !"
Je respirai plus détendue mais encore sur mes gardes.
J'allais maintenant diluer l'antibiotique, faire la piqûre vite fait et, à moi la liberté !
Seulement madame araignée poursuivit :
" Vous savez, ces bestioles là ! Eh bien, elle peuvent sauter à 1m 50 !"
C'est à ce moment précis que je sentis sur ma jambe nue et bronzée (c'était l'été), un frôlement bizarre, je sursautai et prise d'effroi, je lâchai violemment sous les yeux effarés de madame, la seringue, le sérum, l'antibiotique en poussant un cri perçant !
Je reculai vers la porte et je compris que le frôlement venait d'une frange de nappe assortie aux rideaux de velours "caca d'oie"!.........

Tout d’abord, remettons cette histoire dans son contexte il y a trente ans. Les mœurs ayant bien changées aujourd’hui, je serais sans doute moins choquée si cela devait se reproduire. Bon je vous explique.
Tout juste installée comme infirmière libérale, je galérais pour me faire une clientèle. Une autre infirmière se déchargeait sur moi, ralentissant ainsi son activité débordante tout en me permettant de commencer tranquillement ma nouvelle vie. C’était bien différent de mes expériences en cliniques ou à l’hôpital. Je commençais avec cinq clients puis dix. J’avais donc du temps à consacrer à mes malades. Financièrement, c’était une autre affaire.
Une dame m’appela un jour pour une série d’anxiolytique en intramusculaire prescrite par son médecin traitant. Elle habitait le village voisin. Je la trouvais fort sympathique, bien que déprimée, cette quinquagénaire. Rapidement, je pris l’habitude de rester quelques minutes avec elle après sa piqure. Nous prenions le thé tout en discutant. Elle semblait tenir à ces petits bavardages d’abord anodins.
Puis, progressivement, elle commença à me parler de son mari qui souffrait d’un cancer de la prostate. Elle craignait, bien sur, pour sa vie et je m’efforçais de calmer ses angoisses. Les conversations devenaient de plus en plus intimes au fil du temps. Un jour, elle m’avoua qu’elle n’avait plus de vie sexuelle, son mari étant devenu impuissant à cause de sa maladie. Dix jours passèrent, la première série de piqures était terminée. Elle demanda une prolongation du traitement à son médecin et me rappela.
Un soir, elle me proposa de lui faire son injection dans sa chambre prétextant une visite imminente. Je rétorquai que la préparation de l’intramusculaire et son injection étaient très rapide. Mais elle insista lourdement. Sans raison précise, je ressentis une gène et une ambiance malsaine. Malgré mes réticences, je la suivis dans sa chambre. Dès que je fus rentrée, elle passa derrière mon dos pour tirer le verrou. Ses enfants, son mari étaient absents.
Nous étions seules dans cette grande maison. Je préparais hâtivement sa piqure sur un coin du bureau de la chambre. Je vis, avec stupeur, qu’elle s’était allongée sur son lit après avoir retiré son slip. Je fis celle qui n’avait rien remarqué et pourtant j’étais très très mal à l’aise.
Je lui injectai le produit très rapidement en sachant que je devais lui faire mal en procédant de la sorte. Cependant elle ne se plaignit pas. Je rangeai vite mon matériel pour me précipiter vers la porte. Mais elle fut plus rapide et vint s' y coller .Suavement, elle me dit :
« Tu pars sans m’embrasser ? »
Bien évidemment, jamais nous ne nous étions tutoyées et encore moins embrassées. Je n’avais qu’une envie sortir au plus vite et fuir ce climat oppressant. Je sentis qu’elle ne m'’ouvrirait pas l. J’optais pour un compromis et me penchais pour effleurer sa joue de mes lèvres crispées.
De sa main, elle bloqua mon visage et m’embrassa pleine bouche. Je la repoussai violemment et malencontreusement lui donnai un coup de sacoche dans les genoux. (Bon ok j’avoue ce n’était pas malencontreusement.)
J’ai profité de sa surprise pour sortir en lui disant de se chercher une autre infirmière car je ne viendrais plus….

Rentrée chez moi, j’appelais son médecin pour lui raconter ma mésaventure. Et ce traitre me dit d’un ton égrillard :
« Mais madame B., non seulement vous plaisez aux hommes mais maintenant aux dames aussi »
Ah elle est belle la solidarité du corps médical !!!!

Vous savez déjà que j’étais infirmière libérale, je vais vous raconter une anecdote qui m’a bien fait rire à l’époque ! Et encore maintenant quand j’y pense.
On m’avait appelée pour une série de piqûres, traitement de désensibilisation, donc une injection par semaine, le patient, un tout jeunehomme de 16 ans : Christophe, était comme souvent les adolescents, d’une timidité extrême, arrivé à l’ âge où on est très mal dans sa peau, une voix qui vous lâche, qui mue, des boutons d’acné qui vous défigurent, une transpiration excessive, et sans doute l’impression que la terre entière ne peut vous comprendre !
Moi, j’avais le double de son âge !
Je me rendais dans sa famille chaque samedi, c’était un traitement de longue durée. A chaque fois, le même scénario, sa maman l’appelait, il était dans sa chambre et en attendant sa venue, je discutais avec ses parents, des gens charmants.
Christophe descendait enfin, jean, baskets et pull informe dont les manches cachaient les mains, je pense qu’il me disait bonjour, mais toujours d’une voix très basse. Pendant que je préparais l’injection, il retirait son tricot en rougissant fortement, recevait sans un mot, sans un tressaillement, son médicament, puis disparaissait dans son territoire.
Un samedi, le scénario changea, je n’arrivai pas à l’heure habituelle, l’entrée de la maison se trouvait au premier étage, il me fallait monter une dizaine de marches.
Je sonnai à la porte et attendis plusieurs minutes avant que Christophe vint m’ouvrir.
Je devinai, plus que je ne compris (car il parlait « dans sa barbe » qu’il n’avait pas encore !) que ses parents étaient partis faire les courses.
Il me semblait encore plus nerveux que d’ordinaire, mal à l’aise, rougissant, alors qu’il retirait son vêtement.
CIEL !! Avait-il déjà des fantasmes ? L’infirmière nue sous sa blouse ?? Mais chut !! De toutes façons je ne veux en aucun cas le savoir !!
Il était fébrile, transpirant à grosses gouttes, sitôt sa piqûre terminée, il vint me raccompagner à la porte, il s’apprêtait à la refermer, moi à descendre l’escalier, quand un sifflement bizarre et incongru vint troubler le silence d’une fin d’après-midi automnale.
« Qu’est-ce que c’est ? » lui demandai-je, surprise, et au même moment, j’aperçus ma roue arrière de ma jolie 4l (ma voiture en ce temps-là) en train de se dégonfler lamentablement !
Catastrophe, j’avais encore plein de travail, une crevaison ! Ma hantise !
Zut de zut, Christophe, je le voyais bien, n’avait qu’une envie, c’était de rentrer dans sa tanière, écouter sa musique ou que sais-je !
Mais je lui dis :
« Peux-tu m’aider stp ? »
Il était coincé le pauvre ! J’ouvris la porte de mon coffre afin de prendre ma roue de secours, quand il  me vint une idée de génie !
Ah mais oui ! Mais c’est bien sûr !
« J’ai acheté récemment une bombe anti-crevaison, ce système, paraît-il, permet de rouler encore une centaine de kilomètres ! »
Christophe prit la bombe que je lui tendais et tenta de l’adapter sur la valve de ma roue crevée, nous étions tous deux agenouillés sur le trottoir, dans un crépuscule frileux d’octobre, un léger vent froid faisait voltiger des feuilles jaunes, vertes et rousses, les réverbères s’allumaient..
Christophe jugeant l’embout bien placé et impatient sans doute de rentrer dans son cocon, appuya énergiquement sur le petit poussoir !
Mais re catastrophe ! A ce moment, la mousse qui se devait être bienfaitrice, devint folle avec un bruit effrayant, elle s’échappa, se répandit partout sauf dans la chambre à air, le trottoir était blanc comme si la neige était tombée prématurément, le vent emportait les petits flocons de mousse !
Christophe, saisi d’effroi, essaya de se relever, rougissant de confusion et peut-être de froid, mais ce fut pour glisser dangereusement dans la mousse sournoise répandue sur le sol, il tomba et se retrouva les quatre pattes en l’air !
Je lui tendis aussitôt une main compatissante et gênée, et je luttais de toutes mes forces contre l’envie irrésistible de pouffer de rire, car lui était sérieux et figé !
C’est à ce moment précis que des phares de voiture vinrent nous aveugler : les parents étaient de retour, c’est avec stupéfaction qu’ils virent leur fils, des flocons de mousse sur ses cheveux d’ébène, couché sur le dos, l’infirmière qui lui tenait la main
.....

Monsieur" et "Madame" ont tous deux un métier public :"Il" travaille dans une banque de renom (tiens justement ces temps-ci !!.. mais chut !)"Il" est très aimé de la clientèle, et a une véritable mémoire d'éléphant! "Il" connaît par cœur le numéro de compte de la majorité des clients !! Ils en sont ravis, vous pensez !!
"Elle" est infirmière libérale, une vie trépidante, tiraillée entre métier, famille, enfants, mais contrairement à "Monsieur" sa mémoire n'est pas infaillible ! Ce qui a le don d'énerver "Monsieur".
"Monsieur " et "Madame "ont quelques clients communs, notamment monsieur Laigle, un charmant quinquagénaire, directeur de l'auto-école du coin.
"Monsieur" et "Madame" le croisent régulièrement au supermarché et en ville, "Monsieur" est excédé, car "Madame" ne se souvient jamais du nom de ce brave homme.
Cela ne peut durer ! "Madame" gênée et désireuse de faire plaisir à "Monsieur" décide une fois pour toutes de mémoriser le nom de Sieur auto-école !
- "Mais oui, mais c'est bien sûr, se dit-elle, je n'oublierai plus jamais "Laigle" comment n'y ai-je pas pensé plus tôt !! C'est un nom d'oiseau !
"Madame" est ravie, plus jamais d'oubli ridicule et choquant, ainsi "Monsieur" sera content.
Hélas !! Trois fois hélas !!
Quelques semaines plus tard....
André Laigle (c'est vrai, j'avais oublié son prénom !!) est sauvagement piqué par une guêpe ch'ti, il arrive en catastrophe au cabinet d'infirmière afin qu'"Elle" lui fasse d'urgence une injection salvatrice d'antihistaminique.
"Monsieur" aperçoit notre ami André par la fenêtre, il est presque méconnaissable, le visage rouge et tuméfié (les guêpes ch'tis sont très dangereuses) !
"Madame" qui l'a vu également, se précipite, toute attentionnée et professionnelle mais aussi, un sourire de fierté aux lèvres, ouvre en grand la porte de son bureau et s'écrie :
- "Bonjour monsieur LOISEAU !! Mais que vous est-il arrivé ??"
Tête ahurie de monsieur Laigle,
Tête catastrophée d "ll",
Tête déconfite d'"Elle".
Plus tard, réflexion de "Monsieur" :
- "Ben quoi ! T'es bête ou quoi !! Tu le fais exprès !!! Son nom c'est LAIGLE !
Misère, Misère !!! "Monsieur" n'a jamais cru en la bonne foi de "Madame" !

J’ai travaillé pendant trois ans dans une clinique otorhinolaryngologiste. Ce n’est pas là que j’ai puisé mes meilleurs souvenirs !
La spécialité « nez gorge oreilles » n’est pas particulièrement intéressante. En plus, cette clinique était peu accueillante. J’étais jeune diplômée et le personnel frôlait, pour la plupart, la quarantaine. Le patron, un homme d’une cinquantaine d’années, était un « personnage ». Autoritaire, caractériel, noceur mais, heureusement rassurez vous, il était très professionnel.
Il m’intimidait beaucoup et j’espérais de tout cœur un poste dans un service où j’étais sure de ne pas trop le côtoyer. Seulement, je ne suis pas née, comme on dit, sous une bonne étoile et mon premier emploi fût un remplacement au bloc opératoire. J’ai donc vu défiler, avec effroi, des centaines de bambins, à qui on enlevait amygdales et végétations, sources d’infections (angines, otites etc…) A répétition, c’était des pleurs, des cris à longueur de journées ! Les moments de calme arrivaient lorsque nous donnions des glaces à l’eau à sucer aux petits malheureux pour endormir leurs douleurs.
Il y avait, beaucoup plus rarement, des ablations d’amygdales chez des adultes. Cela se faisait généralement sous anesthésie générale sauf contre indication médicale ou, rarement, par choix du patient.
Un matin, je fis « l’entrée » d’un client venu se faire enlever ces horribles amygdales responsables de trop fréquentes angines blanches. C’était un bel homme musclé, d’environ quarante ans, ingénieur de profession sur de lui et apparemment sans aucun stress.
Il me répéta qu’il venait se faire opérer  mais sans anesthésie, car il devait être en pleine forme le lendemain pour une réunion de travail.
Après une prémédication légère, un décontractant, je l’emmenais au bloc sur un fauteuil roulant. L’aide soignante l’installa sur le siège. Mon travail consistait alors à préparer le matériel chirurgical sur un plateau que je disposerais sur un chariot sans jamais oublier quoi que ce soit pour éviter les foudres du grand patron.
C’était un lundi d’octobre. Pourquoi me direz-vous. Et bien, monsieur le patron était chasseur. Et les weekends de chasse étaient …chauds et les lendemains, donc, difficiles……
C’était un lundi vous allez comprendre…
Voila, le matériel est prêt, j’ai vérifié une dizaine de fois. Tout me semble parfait et pourtant je suis stressée car la réputation du chef au bloc est détestable.
Monsieur le patient, que nous nommerons Daniel, discute gaiement avec l’aide soignante habituée des lieux contrairement à moi. Il refuse toutes attaches, pieds mains doivent rester libres. Il se sent assez costaud pour subir cette opération. D’ailleurs il a fait la guerre d’Algérie ! « Ne vous inquiétez pas, je ne bougerai pas d’un poil »
La porte du bloc claque. Voila le patron, un  peu rougeaud je trouve. Le grand air ? Ou ?...
Il m’ignore totalement se contentant d’un signe de tête vers l’aide soignante tout en serrant vigoureusement la main de son malade.
Puis il part se préparer dans le box voisin et revient en chirurgien immaculé, masqué et presque inquiétant. Un coup d’œil sur mon chariot, visiblement satisfait, il fait ouvrir la bouche de Daniel l’inspecte soigneusement avec un abaisse langue et dit : « aucun doute, il faut opérer. Vos amygdales sont cryptées. On y va ! 
-Infirmière ouvre bouche ! »
Il s’agit d’un instrument de chirurgie qui ressemble vaguement à une pince à crabes et empêche de refermer la bouche quand il est en place.
Daniel semble toujours très calme, les yeux un peu exorbitées malgré tout.
Le patron saisit une pince coupante et la plonge tel un toréador dans la bouche délicate et sensuelle de Daniel. Les secondes semblent s’éterniser. Un problème ? Le patron retire la pince pour la replonger aussitôt tout en jurant entre ses dents : « merde ». Je transpire à grosses gouttes. J’aperçois un pied de Daniel qui commence à s’agiter presque frénétiquement. L’ambiance, brutalement, est devenue pesante. L’aide soignante me jette un regard affolé, ce qui est loin de me rassurer.
On entend un clic, dans le silence oppressant et le chirurgien laisse tomber une amygdale sanguinolente dans le haricot d’inox que je lui tends.
Pas de temps mort, il replonge à la recherche de la deuxième qui, visiblement, se cache aux tréfonds de la gorge enflammée du pauvre Daniel.
Soudain, il se dresse brusquement et adresse une claque retentissante au patron interloqué.
« Aie ! Espèce d’abruti vous me faites mal »
La réaction ne se fait pas attendre et c’est le grand chef qui, à son tour, gifle son patient avec une rare violence. Je suis tétanisée, le haricot à la main pendant que l’aide soignante quitte précipitamment le bloc.
Daniel s’extirpe difficilement de son fauteuil. Pâle, il pisse le sang éclaboussant le fauteuil, les champs opératoires ma blouse et celle du patron furieux. C’est une boucherie.
Daniel, la voix déformée hurle :
« Je vous attaquerai au tribunal, espèce de cinglé »
« Foutez les camps pauvre naze » réplique le patron en quittant rageusement le bloc devenu champ de bataille.
L’associé du chirurgien, prévenu par l’aide soignante, est venu cautériser la plaie et calmer Daniel en pleine crise de nerfs. Il rentrera chez lui en fin de journée en gardant une amygdale.
Je n’ai jamais su la suite de cette histoire. Mon remplacement au bloc prit fin quelques semaines plus tard.
Ouf !!!! J' arrête là, d un coup j'ai mal à la gorge!

La toute première fois que j'ai rencontré Martine, elle devait avoir quinze ou seize ans. Elle souffrait de sinusite et j'étais chargée de lui faire une série d'injections intramusculaires. Cela se reproduisit durant 3 trois ou quatre hivers.
Elle me rendit visite à mon cabinet d'infirmière quelques années plus tard. Elle s'était mariée, et elle venait me présenter sa première petite fille, un très joli bébé. Il m'arrivait de la croiser en ville, puis nous nous sommes perdues de vue pendant quelques temps.
C’est par un jour d'hiver frileux et gris qu'elle reprit contact, elle me demanda de passer chez elle sans faute en fin d'après midi pour soigner sa dernière fillette âgée de six mois. Le bébé souffrait de bronchite asthmatiforme, et le médecin avait prescrit une série d’injection d’antibiotiques, matin et soir pendant 6 jours.
Je me rendis donc à son domicile dans la soirée, où je pus faire la connaissance de ses trois adorables petites filles. Eh oui, le temps avait passé: l'aînée était âgée de 9 ans, la seconde six ans et le bébé de 6 mois.
Son mari était absent, sans doute au travail. Martine avait un joli petit intérieur, coquet et confortable. Les enfants resplendissaient de santé, mis à part le bébé très encombré qui toussait beaucoup. Nous parlâmes un long moment, et j'étais ravie de la voir si heureuse. Le lendemain matin, je revins tôt dans la matinée pour la seconde piqûre. Comme à mon habitude, je frappai et sans attendre, je pénétrai dans l habitation. La porte d'entrée s'ouvrait sur un long corridor qui menait au living.
A l'instant où je fermais la porte, je vis sortir Martine d'une pièce située à gauche dans ce couloir. SURPRISE!! Elle était échevelée, anormalement pâle et avait un œil que l'on dit "au beurre noir", un hématome violacé couvrait ses paupières et le haut de sa pommette!
Avant d'avoir pu poser la moindre question, Martine s'écria:
"Ah! Madame B..., Vous voila!!!! Entrez!!! Vous êtes le soleil de cette maison!"
Je ne pus réprimer un sourire, car en effet, cette matinée était morne, froide, grise et hivernale. Quelques flocons de neige avaient voleté et blanchi légèrement les trottoirs et les toits. Ainsi un rayon de soleil!!....Tout se précipita alors!
Je pénétrai à sa suite dans le living quand un rayon de soleil audacieux vint percer la couche de nuages, traverser une petite verrière pour éclairer la table de salle à manger! Quelle coïncidence, j'allais le lui faire la remarque et la questionner au sujet de son hématome, quand je m'aperçus avec stupeur que la table était jonchée de crucifix, de missels, d'une grosse bible, de bougies et d'images pieuses! Dans la cuisine les trois enfants pleuraient.
Je dis à Martine: «Mais que se passe-t-il? Que t'est il arrivé? Tu es tombée? »Elle ne me laissa pas finir!
Et l'horreur commença! Elle ne répondait pas, se dirigeant vers le landau où hurlait le bébé.
Je cherchai les boîtes d'antibiotiques, ne les trouvai pas, et je me posai des questions: elle a bu?? Mais non impossible pas à 9h du matin! Elle est droguée??
La plus grande des fillettes tout en pleurant me dit : "Maman a jeté les piqûres dans la cour"
J’ouvris la porte en effet les boîtes d'antibiotiques étaient bien dans la cour!
Martine vint me rejoindre, la colère, pire la haine déformait ses traits et c'est d'une voix inconnue, horrible qu'elle me lança: "Arrière Satan! Tu ne toucheras pas à mon enfant sors d'ici!"
C'était à la fois mélodramatique, effrayant mais aussi cocasse!
Cette voix, je ne peux la qualifier! D'outre tombe?
Très inquiète je répondis:
"Comme tu veux Martine, mais alors il te faut signer une décharge! Je ne peux laisser ton bébé sans soin, tu entends comme elle tousse et tu vois bien qu'elle respire mal! Signe et je m en vais!"
Bien sûr je pensais partir et appeler de suite son médecin!
J'avais beaucoup de mal à réfléchir, les enfants hurlaient de plus belle! De cette voix rauque, basse et inconnue elle se mit à réciter des sortes de prières, plutôt des litanies! C'était étrange et surtout angoissant.
L'aînée des filles me dit en pleurant toujours: «Maman m'a fait boire de l'eau précieuse (liquide désinfectant destiné à soigner l'acné et en vente en pharmacie) elle continua en hoquetant :" maman et papa se sont battus!"Je m'approchai de la pauvre petite pour la prendre dans mes bras et la consoler, quand Martine ouvrit un tiroir et en sortit un grand couteau à lame effilée. Menaçante elle se dirigea vers moi en brandissant cette arme improvisée! Je réfléchissais vitesse grand "V"
Tous ces objets religieux, ces litanies et maintenant cette eau précieuse (pour elle et ses bouffées délirantes, cela voulait sans doute dire eau bénite!!)
Tout se regroupait!
Pouvait-elle être devenue folle en une nuit? Les enfants étaient en danger! Moi aussi
Que faire? Que faire sans l'exciter davantage ?
Elle continuait ses litanies, sa voix était effrayante (je ne regarde plus jamais un film d horreur sans penser à Martine! Et pourtant ces faits remontent à plus de 20 ans!)
Il me fallait tenter quelque chose en urgence! Tout doucement je m'adressai à elle:
« Écoute moi Martine, je vais appeler ton médecin, il va venir prescrire des suppositoires pour ton bébé, elle guérira vite tu verras. Je peux me servir de ton téléphone? »
Elle ne répondit pas, toujours en train de psalmodier, j'allais vers l'appareil téléphonique suivie de près par la démente, le couteau dressé dans mon dos.Je sentais les gouttes de sueur glissant sur ma peau.
« Allo docteur? Pouvez-vous passer chez madame H... C’est extrêmement urgent »
Ce n'était pas hélas le plus sympathique des médecins de cette ville! Impatient il répondit: « Enfin!!, Vous n'y pensez pas, je suis en consultation et en plus c'est le marché, je ne peux sortir ma voiture! »
J’insistai: « C 'est très urgent!" Une idée!!! Je repris:"D'ailleurs, je vous passe madame H...»
Et je tendis l’appareil à Martine en espérant de toutes mes forces que mon stratagème fonctionne! Ouf, elle le prit mais ne lâcha pas pour autant le redoutable couteau! « Allo, arrière Satan! » Et elle continua ses litanies, je repris le téléphone. Pas sympa certes mais professionnel! Soulagée j'entendis le médecin me dire: « Ne bougez pas! Je vous envoie les pompiers, ne la quittez pas des yeux faîtes très attention, courage » et il raccrocha.
Oui, oui, très attention... Martine était toujours plantée près de moi, le regard hagard. Des minutes interminables passèrent. J'essayais de lui parler, de lui dire de préparer un biberon pour le nourrisson, de le prendre dans ses bras! Rien n'y fit. Elle continuait de prier de dire des phrases sans suite avec cette voix horrible.
La petite de 6 ans avait tenté de prendre la main de sa mère mais celle ci l'avait repoussée violemment!
Le temps passe très lentement dans ces cas là, je peux vous l'assurer! Mais enfin, les pompiers arrivèrent à la queue leu leu, car le couloir était étroit! Soulagée, je m'écriai:
« Ah!! Messieurs les pompiers! Vous voilà, vous venez chercher madame H... pour l'emmener à la pharmacie? » C'est ce que j avais dit à Martine, pour éviter sa surprise et qui sait sa peur!
Regards, ahuris,  du premier pompier! Martine se mit à hurler:
« Entrez ! Messieurs, mettez le feu à cette maison, car je vous le dis, Satan l' habite! »
Et le brave pompier, hilare:
« Mais madame, notre boulot c'est d'éteindre les incendies, pas de mettre le feu! »
Catastrophe, je n'étais pas tombée sur le plus futé de la caserne! Pauvre de nous!
Mais heureusement le troisième homme du feu (peut être un chef?) répondit avec le plus grand sérieux: « Oui madame, nous voilà! »
J'en profitai pour répéter: « Vous êtes venus chercher Martine pour l'emmener à la pharmacie, car il y a beaucoup de neige sur les routes et les voitures circulent mal n'est ce pas? »
J’avoue, c’était gros, mais il avait fallu passer le temps en attendant les secours, j'espérais ainsi la calmer!
Martine était toujours armée de son couteau, si les circonstances n'avaient pas été aussi dramatiques, il y avait franchement de quoi rire en voyant les yeux écarquillés de surprise de ces trois hommes en uniforme! Le "chef" entra dans mon jeu: « Oui! Il neige à gros flocons (la neige avait cessé de tomber depuis longtemps!!) Couvrez vous madame prenez cette veste, on vous emmène à la pharmacie! »
Je continuai: « Chercher des suppositoires pour bébé! » Et les trois larrons de reprendre en chœur : « Oui!!! Chercher les suppositoires! »
Ils avancèrent vers Martine, retirèrent le couteau de sa main et ils l'emmenèrent!
Je suis restée bien évidemment avec les trois petites filles, ai téléphoné aux grands parents, donné un biberon au bébé, consolé les deux grandes en attendant l'arrivée de la grand mère. Martine fût conduite dans un hôpital psychiatrique.
Elle souffre de schizophrénie: C'est une psychose qui se manifeste par la désintégration de la personnalité et par la perte du contact avec la réalité.
C'est la maladie mentale chronique la plus fréquente. Elle frappe près de 1% de la population des pays économiquement développés, autant de filles que de garçons entre 15 et 35 ans
Martine à cette époque avait 30 ans! La bouffée délirante aigüe est un mode d'entrée dans la maladie particulièrement brutal! Elle s'installe en quelques heures, chez un patient entre 18 et 30 ans qui n'a pas d'antécédents psychiatriques en dehors d'épisodes similaires.
Martine est ressortie de l'hôpital quelques jours plus tard avec un lourd traitement neuroleptiques et un suivi médical. Je ne l’ai jamais revue, et c'est en souvenir d'elle que j'écris cette histoire....

Pauvre Martine !

Je fus appelée, un soir, chez des nouveaux patients : un couple de personnes âgées qui habitaient une très vieille ferme dans un village voisin.
Lorsque j’arrivai, je fus surprise. La vieille maison, pourtant située dans un joli cadre, avait l’air en très mauvais état. Une petite rivière serpentait entre les fleurs des champs, les orties et les ronces. Je frappai à la porte. Une dame, courbée par l’arthrose, tout de noir vêtue, un tablier à carreaux sale autour des hanches m’ouvrit, l’air peu engageant :
_Vous êtes qui vous ?
_L’infirmière, Madame, le médecin m’a demandé de passer voir votre mari !
_Ah ! C’est vous, ben ce n’est pas trop tôt, il est là Alfred, entrez !
La pièce était plongée dans une semi obscurité, humide et noire de fumée. Une odeur de café bouilli flottait dans l’air, je repérai une cafetière en émail chuintante sur la plaque brûlante de la cuisinière à charbon toute encrassée.
J’aperçus au fond de la pièce, mon nouveau patient. D’emblée je le trouvai sympathique, il avait un bon visage de vieillard, il me sembla très grand (j’appris par la suite qu’il mesurait 2 mètres). C’était un facteur à la retraite, il avait 80 ans :
_ Bonsoir Monsieur ! Je suis l’infirmière !
_ Bon…soir articulât-il, péniblement
Il était assis sur un fauteuil qui avait dû être en velours : un siège branlant. Sur ses longues jambes était posée une vieille couverture délavée et crasseuse. Ses yeux implorants me bouleversèrent.
Je pris connaissance des consignes médicales. Une ordonnance, déjà toute grasse, traînait sur la table épouvantablement encombrée de vaisselle sale, de détritus de toutes sortes, d’une bassine en zinc remplie d’eau grisâtre. Le médecin m’avait prévenue de l’état du malade, il avait eu un A.V.C et il lui restait une hémiplégie scutellaire. En effet j’apercevais son épaule affaissée. Il avait aussi une élocution difficile due à une paralysie faciale :
_Appel...le moi Al...fred !
Le courant de sympathie était passé entre lui et moi, par contre il n’en était pas de même avec Amélie son épouse, qui tournait autour moi pendant que je préparais l’injection intraveineuse. Elle dit :
_Ca va couter cher tout ce traitement ? Déjà que le médecin voulait me l’envoyer à l’hôpital
On n’a pas d’argent à dépenser nous !
Ouille quelle mégère !
Je revins le lendemain matin. Visiblement, Alfred avait passé la nuit dans le fauteuil ! J’étais peinée pour lui ! Le soir même, avec l’aide du médecin nous lui fîmes réintégrer sa chambre malgré la mauvaise humeur de sa femme.
Amélie rallumait le feu, une fumée infecte nous faisait tousser elle me dit :
_ Pas eu le temps de lui donner à manger, trop de choses à faire moi !
Je ne pouvais laisser ce pauvre homme ainsi, je lui préparai donc son petit déjeuner, lui fit sa toilette, des soins d’hygiène, sa perfusion.
Je venais deux fois par jour. Le « courant » ne passait toujours pas avec « Mélie la sorcière ». J’avais appris par des habitants du village qu’elle était surnommée ainsi depuis très longtemps.
On lui reprochait d’avoir fait du marché noir pendant la guerre, sa pingrerie, sa méchanceté, son avarice légendaire. On me raconta aussi qu’Alfred était un pauvre malheureux. Avant son attaque, il arpentait les rues du village et ramassait les mégots qu’il fumait en cachette de Mélie.
J’étais outrée mais je n’avais le droit de rien dire.
Alfred perdait des forces, je soupçonnais la sorcière de ne pas prendre la peine de lui donner à manger. Plusieurs fois, je ramenai des steaks que je lui cuisinais, je me souviens encore de son regard reconnaissant !
Mélie, bien sûr n’a jamais réglé mes dépenses !
Alfred, le bon Alfred manquait aussi de nicotine, il m’en parlait souvent et me réclamait une cigarette. Un jour je cédai et lui donnai une des miennes, en ouvrant largement la fenêtre, afin que la sorcière de sente rien ! Et quand elle était sortie nourrir ses poules, il me remerciait avec de grands demi-sourires et des pressions de sa main valide. Il y avait dans la cour un immense cerisier, et c’était le « temps des cerises » : la multitude de ces magnifiques fruits rouges, brillant au soleil me faisait envie (j’adore les cerises) Je le disais souvent à Mélie qui faisait mine de ne pas entendre ou répondait qu’elle aimerait bien tuer ces sales bestioles (les oiseaux) qui venaient les lui piquer ! Je lui proposai d’en acheter, pas de réponse !
Les médecins et les infirmières des petits villages recevaient quelquefois de leurs patients des produits de ferme ou de jardin : des salades, des tomates, des œufs…C’était une agréable façon de nous remercier !
Les jours passaient….
Les cerises me narguaient ! La sorcière n’en mangeait même pas encore moins Alfred, je me proposai alors de grimper à l’échelle pour lui en faire un joli panier espérant que peut être….
Elle refusa en disant que son fils unique, ce vaurien, viendrait bien un jour faire la cueillette, et je n’eus jamais de cerises (vous l’aviez deviné je parie !)
Un jour pourtant, après ma visite matinale, elle m’accompagna dans la cour, et me tendit un paquet enveloppé de papier journal et attaché par une corde :
_Tenez c’est pour vous ! Mais je ne l’ai pas plumée hein, vous le ferez vous-même !
Je compris qu’il s’agissait d’une de ses poules rousses (pauvre bête), mais bon je fus agréablement surprise
Je la remerciai chaleureusement en pensant à la poule au pot, au roi Henri IV (non là, j’en rajoute un peu !)
_Merci, Merci c’est tellement gentil, mes enfants adorent la poule au pot !
Elle rentra chez elle sans un sourire.
Alors que je regagnai ma voiture garée devant la ferme, la voisine de Mélie me héla :
_Madame ! Madame !
_ Oui !
Elle s’approcha de moi et à voix basse :
_Mélie vous a bien donné une poule et elle fixa mon paquet.
_Oui, en effet, mais ?,
_Surtout ne la mangez pas ! Mélie a retrouvé sa poule crevée ce matin et l’a jetée sur son tas de fumier !

Beurk beurk beurk !!
Voila Mélie cette histoire date d’il y a longtemps, tu n’es plus de ce monde, mais je me suis vengée na ! 

 

Coucou Alfred

Petit Pépé avait une bronchite carabinée. qui n'arrangeait évidemment pas son vilain emphysème. Le médecin,passé dans la matinée, avait prescrit d'urgence un traitement par injection d'antibiotiques, du sirop et des suppositoires.
Je commençais le soir même. Pépé, veuf depuis plusieurs années, avait comme seule compagnie un petit chien adorable mais assez turbulent. J’avais remarqué les charentaises de Pépé, toutes croquées. Après trois jours de traitement, il me dit un matin : " Je dors trsè très mal et je tousse énormément". En préparant ma seringue , je sentis une forte odeur de camphre.
-Vous prenez bien vos médicaments
-Oui, bien sur
Comme chaque jour, le chien tournait autour de moi, quémandant une caresse. Je me suis penché pour le flatter et j'aperçus la boite de suppositoires dechiquetée sous la table. Et l'haleine de Médor était fortement camphrée; "Oh non pas ça!"
Alors Pépé dit : "Ben voila , je cherchais la boite depuis hier soir."

Rassurez-vous : le chien n'a eu aucun souci...

Date de dernière mise à jour : 07/10/2023